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Il y a des vocations qui naissent de petits riens. Dans le cas du « portraitiste d’intérieurs » américain Todd Selby, une lampe est à l’origine de la sienne et l’a poussé à créer son blog, The Selby, en 2008, devenu une référence en matière d’inspiration déco. Plus précisément, une lampe de bureau coiffée d’un chapeau qu’il croise chez Tom Wolfe alors qu’il réalise le portrait de l’écrivain dandy dans son appartement new-yorkais : « J’étais fasciné. Cela disait quelque chose sur lui que les mots ne pouvaient pas décrire. Mon portrait de Tom Wolfe était correct. Mais ma photo de sa lampe était spectaculaire », raconte-t-il en introduction de son nouveau livre, paru en avril aux Etats-Unis, The Selby Comes Home (Abrams Books).
Dès lors, à la différence de ses camarades photographes-blogueurs – The Cobrasnake, The Sartorialist, Face Hunter… – qui écument les fashion weeks pour saisir la faune branchée des années 2000, lui préfère s’inviter chez elle et l’observer dans son milieu naturel pour en tirer des portraits plus intimes.
Ce souvenir rejaillit en 2023. Alors qu’il initie sa fille cadette, Simone, à la photographie, l’objectif s’arrête à nouveau sur une lampe couronnée d’un chapeau. La coïncidence produit un nouveau déclic. Car cela faisait dix ans que Todd Selby n’avait pas publié de livres. Fashionable Selby (Abrams Books) – consacré aux gens de la mode, mannequins, stylistes, créateurs – remontait à 2014, deux ans après Edible Selby, sur les chefs de cuisine, et The Selby Is in Your Place, tous deux sortis en 2012 chez Abrams Books. Et depuis ? Le photographe jonglait avec son blog toujours en activité, les campagnes publicitaires pour de grandes marques et sa vie de père de deux filles.
C’est d’ailleurs de là que lui vient l’idée d’explorer cette fois-ci les cocons familiaux. Hormis l’accent mis sur la tribu, ce quatrième ouvrage s’inscrit dans la continuité, saisissant partout dans le monde des homes sweet homes chaleureux et chaotiques, des bazars joyeux comme The Selby sait les saisir. On pousse la porte des Robinson-Cole, qui, à Auckland (Nouvelle-Zélande), perpétuent la tradition maorie du crochet en laine colorée jusque dans leur décoration ; des Wagner-Arntzen, dans les environs de Portland, dans l’Oregon, avec leurs ânes domestiqués qui se baladent dans la cuisine à l’heure des repas ; des Eveno-Ionescu, qui, à New York, créent du mobilier ultra-coloré donnant des airs de maison de poupée psychédélique à leur appartement…
Comme d’habitude, le maximalisme se déploie jusque dans la maquette avec ses petits dessins et notes gribouillées sur les pages et l’interview manuscrite qui clôture chaque rencontre. Chez The Selby, on sait exactement où l’on met les pieds, les repères et les codes restent les mêmes. Et on s’y sent toujours aussi bien. Comme à la maison.
The Selby Comes Home, de Todd Selby, Abrams Books, 304 p., 67,60 €. theselby.com
Déborah Malet
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